HORLOGERIE: RIEN NE SE PERD !

Les horlogers font tout durer. Bien construits, de grande valeur, les machines et les outils restent sur les établis pendant des générations, toujours soignés et parfois même améliorés. Ainsi, au sein de la profession, on formule encore fréquemment des dimensions et des quantités selon des systèmes bien antérieurs au système décimal ou métrique.

Le monde horloger réutilise. Afin de prolonger l’existence d’objets déjà existants, des changements d’échappements se font sur les montres et les pendules pour augmenter leur précision. Des mouvements anciens sont achevés et commercialisés au risque d'être malmenés par des clients. Quant aux styles décoratifs, ils sont fréquemment repris et copiés.

Les horlogers réutilisent aussi des mots : des termes paysans s’imposent dans la pendulerie, des expressions figuratives d’usage courant s’amalgament au jargon professionnel et des mots étrangers intègrent le vocabulaire horloger francophone.

Enfin, l’industrie horlogère réemploie: des marques d’horlogerie sont remises à jour. Reprendre et continuer une histoire interrompue peut toutefois se révéler un exercice difficile. D’autres ressortent les machines d’autrefois, les techniques et les métaux délaissés pour remettre en état les objets du passé.

Le recyclage est ainsi omniprésent. Dans les tiroirs de layette, les horlogers déposent tout ce qui pourra un jour servir, des plaques de boîtes aux lettres aux boîtes de médicaments ou de chocolat. Les verres à pied cassés deviennent des cloches. Quant aux plantes comme le sureau, la gentiane ou le bonhomme, elles améliorent le polissage.

Mais un ennemi implacable est apparu au 20e siècle dans les ateliers des manufactures : le système japonais des 5 S avec sa standardisation et sa suppression de l’inutile.

Or avant de réemployer, de réutiliser ou de recycler une foultitude de choses, il fallait encore les conserver, qu’elles soient oubliées dans un coin ou soigneusement stockées.